Jouer "by the book" ?

Voix d’Altaride 20 – Appropriation

Qu’est-ce que l’appropriation d’un jeu de rôle par ses joueurs ? Le mouvement forgien et les soutiens des indépendants en France (comme la Cellule) a porté en exergue l’auteur de jeu de rôle alors qu’autrefois, pendant nos tendres années d’avant le bug de l’an 2000, le jeu prenait le plus souvent le pas sur son auteur.
Mettre l’auteur en avant a l’avantage de le responsabiliser, si le jeu est mauvais, bancal, (dysfonctionnel ?) c’est plus clairement de sa faute. Dans ce contexte la clause d’indiférence de l’auteur est stigmatisée.

Pourtant, les rôlistes ont pris l’habitude de bidouiller les systèmes de jeu (et de résolution), les univers pour qu’ils leur conviennent. Certains jeux le prennent même explicitement en compte, comme Savage World qui inclus des règles spécifiques à chaque campagne, ou FATE qui possède un supplément dédié à ce phénomène (FATE serait même un outil pour créer des jeux plutôt qu’un jeu selon certains). Et ce n’est pas l’apanage du jeu de rôle “institutionnalisé” (comme intégré dans le système éditorial), mais aussi de jeux plus indépendants comme les nombreux hacks d’Apocalypse World.

L’appropriation d’un jeu par ceux qui y jouent risque de le modifier et dans les cas extrême on s’approche d’une pratique DIY qui est bien loin d’une posture de consommateur invétéré.

L’auteur a-t-il son mot à dire quand des joueurs s’approprient son jeu au point de le défigurer ?

Coups de Coeur/Coups de Gueule
Sandra : Santé / La réforme de l’orthographe ?
Xavier : Albion Online
Antoine : Les serviteurs de la reine des cendres, Crypt of the necrodancer / rien
Kalysto : Nouvel An Chinois, Mutant Gen Lab Alpha / rien
Morgan : Les créatifs qui ne se justifient pas / les auteurs autoédités qui se justifient tout le temps.
Julien : Galavant / La guerre des dragons

Comment nous retrouver ?
Retrouvez Antoine dans l’Auberge Virtuelle, et sur les stands de Paris est Ludique.
Retrouvez Sandra sur son blog : Darkginger.
Retrouvez Morgan sur son site : Julien Morgan.
Retrouvez Kalysto sur Radio Roliste, sur Bienvenue à Valnuit, et dans ses Chroniques en goutte et sur Ludovox !
Retrouvez Xavier autour d’une table de jeu, à Nantes ou à Paris, et sur cette conférence du colloque des 40 ans du jeu de rôle.
Retrouvez moi ici ou suivez l’évolution lente de Divergence, mon principal projet de jdr, sur le sénat des architectes.

Retrouvez enfin les Voix d’Altaride sur facebook, sur google +, sur twitter (@Voixdaltaride) et n’hésitez pas à nous écrire : voixdaltaride(at)cendrones.fr.

Le générique est de Julien Morgan.

15 commentaires

  1. Bonjour,

    Vous faites des comparaisons avec la littérature. La note d’intention me semble correspondre à une préface écrite par l’auteur (ce qui a été fait par de nombreux auteurs, et pas des moindres). Qu’en pensez-vous ?

    Merci.

  2. Très, très intéressant (j’ai mon propre intéressomètre pour les podcasts : hauteur des bonds sur la chaise).
    Je m’inscris (grave) en faux sur jdr = littérature (voir même jdr=art).
    Dans JdR, il y a « jeu », et jeu = procédure/méthode/technique.
    Certes il peut y avoir une connotation littéraire dans la partie « univers/background/blabla » mais la partie technique/intention/comment on joue doit être la plus didactique, explicite, . Donc, en gros, un manuel technique.
    Si la moyenne des manuels de règles des Jeux de plateau/société étaient aussi mal rédigés que la moyenne des manuels de jdr, ce serait la révolution. Mais en jdr, on trouve souvent ça « normal », qu’il faille « interpréter », qu’il y ait « transmission orale » (ce que semblait dire Xavier d’ailleurs).
    Et bien, non, trois fois non. C’est à la limite de l’élitisme d’ailleurs (mais je sais bien que ce n’est pas le cas des Voix 😉 ), et franchement peu professionnel.

    • Ben tu sais quoi, on est d’accord. Du moins sur la partie jdr et littérature.
      Sur la notion d’art je serai moins catégorique, je ne sais pas encore.

      Je suis parfaitement d’accord sur la nécessité d’avoir des règles qui tiennent la route, qui puisse permettre de prendre le jeu en main. Qui explicitent les non-dits.

      Ce qui est drôle c’est que c’est finalement ce que demande Morgan : des manuels clairs où les intentions transparaissent dans les règles, sans avoir besoin d’une note initiale qui ressemble trop à des excuses.

      Perso je pense que plus c’est clair mieux c’est. Mais que si c’est long, il faut quand même que ça soit agréable à lire.

      Mais finalement l’intérêt pour le texte lui même sur ce cahier des charges, ce n’est pas aussi de la littérature. Merde je sais plus…

  3. Ce n’est pas que je ne suis pas intéressé  par les intentions des auteurs. Je pense simplement que cela n’a pas sa place dans une base de JdR. Dans le même ordre d’idée, si je peux être intéressé par une réflexion sur « qu’est-ce qu’un JdR ? » je n’ai pas envie de m’en taper un chapitre dans une base de JdR. Pour moi, ce genre de réflexion appartient à la méta-littérature sur le jeu considéré …

    En fait, ce qui m’intéresse ce n’est pas tant ce que l’auteur voulait faire mais ce qu’il a fait, concrètement. Or le résultat de nos actions n’est pas toujours en phase avec nos intentions initiales. En fait, il y a deux cas possible : 1) Le résultat est en phase avec l’intention. C’est super et du coup cela ne vaut pas la peine de lire les intentions, il suffit de jouer. 2) Le résultat ne correspond pas aux intentions de l’auteur. Et alors ? Tant que le jeu est intéressant, je m’en tape des intentions de l’auteur. Enfin, si l’auteur s’est planté et que le jeu est nul je n’ai pas, en plus, envie de lire l’auteur nous explique ce qu’il voulait faire, qu’il n’a pas fait, qu’il aurait dû faire etc. C’est du blabla.

    Maintenant, je ne doute pas que, quoi que fassent les gens, ils aient des intentions. Quelles soient conscientes ou inconscientes, peu importe. Ce qui m’importe c’est le résultat final. J’irais même jusqu’à dire qu’une œuvre trop explicite et/ou pour laquelle j’ai « l’explication » me gâche une partie de l’appropriation et du plaisir de l’œuvre.

  4. « Si le nom de l’auteur n’était pas mis en avant, peut-être qu’on s’y engagerait moins ». Ce qui prouve bien que le crowfunding a été détourné de son but initial, ce n’est plus que de la précommande avec du marketing.

    • Je ne crois pas que cela soit une preuve. Par contre, cela va clairement vers le constat horripilant : le CF a été légitimé comme une ouverture pour les projets n’ayant pas le financement adéquat. Or, il apparait que c’est aussi un moyen de supprimer des intermédiaires dans la chaine de valeur.

  5. Je trouve très étrange cette comparaison durant tout le podcast entre un roman et un livre de Jdr. Pour moi, un bouquin de jeu de rôle, c’est un manuel qui va m’expliquer comment jouer à un jeu, ce n’est pas une oeuvre.
    De plus, devant un roman, une série, un film, je reçois, je suis passif, alors que dans un jeu ( de tout type), il y a une interaction, j’agis.

    Concernant la note d’intention, il me semble que lors du Gamechef, on conseille aux auteurs d’écrire une note d’intention, justement pour bien expliquer aux lecteurs, le pourquoi du jeu.
    Pour ma part, j’aime bien commencer la lecture d’un manuel de jeu de rôle par une note d’intention, au moins, je sais où le jeu veut m’emmener et dans quel état d’esprit je dois être pour le recevoir. Sinon je risque clairement de chercher pendant plusieurs pages « mais à quoi on joue ? », et je risque de me perdre.

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